L'ange et la Mère
Assise à l’ombre d’un aulne blanc, je vis descendre un ange.
Dans sa tenue diaphane, il émanait une lumière divine.
Il fit danser mes corps, qui ondulaient en sa présence,
Une ondulation douce et légère qui fit chavirer mon cœur.
S’adressant à moi dans un dialecte indicible,
Il me fit comprendre de le suivre dans les hauteurs célestes.
Je m’accrochais à son bras et l’accompagnais vers les cieux.
Tout là-haut m’attendaient de belles surprises.
Il me montra la Mère qui est tout et partout.
J’admirai ce soleil étincelant duquel émanaient des filaments dorés.
Sur chacun d’eux apparaissaient des perles comme sur un collier.
Elles tissaient entre elles d’autres filaments et constituaient une toile immense.
L’ange me montra ma perle qui brillait sur un des filaments de lumière.
Il me dit, dans son langage : « celle-ci est ton être véritable.
A ta naissance, elle a traversé le voile de l’ignorance.
C’est pourquoi tu es aveugle aujourd’hui et que tu ne perçois pas ta beauté.
Ouvre les yeux, mon enfant », me dit-il.
« Ouvre les yeux car tu es le divin. Tu es la Mère et la Mère est toi.
Tout comme toutes ces perles, vous ne formez qu’un,
Au sein même du grand cœur de la Mère divine.
Ne crains plus la solitude car tu n’es jamais seule.
Ne crains plus d’être séparée car tu es uni à la Mère à tout jamais.
Ne crains plus d’être vraie car tu ES, en ton essence véritable.
Ne crains plus rien car en réalité il n’y a rien à craindre.
Il n’y a pas de limites à ce que tu peux être,
Pas de limites à ce que tu peux manifester,
Pas de limites à ce que tu peux aimer et embrasser,
Pas de limites à ce que tu peux recevoir et donner.
Le soleil se demande t-il s’il doit briller ?
L’enfant se demande t-il s’il doit aimer ?
La fleur se demande t-elle si elle doit s’ouvrir ?
La graine se demande t-elle si elle doit pousser ?
Alors aime de tout ton cœur, aime de tout ton être.
Jouis de la vie et de sa simplicité.
Brûle de mille feux à t’en faire exploser le cœur.
Descends en toi, respire et vis. »
Après ce magnifique voyage, l’ange me fit redescendre.
Il m’enveloppa de sa longue robe scintillante.
Il m’attrapa le bras et me fit plonger sur Terre
Et me déposa délicatement sous l’aulne blanc.
Nous nous regardâmes longtemps,
Pendant un temps qui me sembla être une éternité.
Mes corps dansaient encore, ondulaient, chaviraient,
Puis il disparut laissant derrière lui un parfum enivrant.
Jessie Fourché